90 % des salariés pensent que leur salaire sera maintenu pendant une formation professionnelle. La réalité s’avère nettement moins uniforme. Tout dépend du contrat, du dispositif mobilisé et de l’origine de la demande. Certains voient leur bulletin de paie inchangé, d’autres doivent s’organiser autrement : rien n’est automatique, même lorsque l’employeur valide la formation.
Avant de se lancer, mieux vaut décrypter les mécanismes : droits ouverts, statut, organismes sollicités, tout influe sur la prise en charge de la rémunération. Selon que l’on s’appuie sur le Compte Personnel de Formation (CPF), le plan de développement des compétences ou un congé spécifique, les règles diffèrent sensiblement.
Le Compte Personnel de Formation : un levier clé pour financer sa montée en compétences
Derrière ces trois lettres désormais incontournables, le compte personnel de formation (CPF) a pris une place de choix dans le paysage de la formation professionnelle. Alimenté chaque année par l’activité salariée, il permet de financer une action de formation selon ses besoins, sans passer nécessairement par l’accord de l’employeur. Pour celles et ceux qui visent une évolution ou une reconversion, c’est un outil qui ouvre des portes. Le CPF cible uniquement des formations certifiantes inscrites au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) ou au répertoire spécifique. Monter en compétences, valider un diplôme, faire reconnaître son expérience : de nombreux actifs s’en saisissent pour franchir un cap professionnel.
L’accès au CPF passe par une plateforme dédiée, conçue pour guider chaque salarié dans son parcours. Pour déclencher un financement, la formation doit figurer au RNCP et l’organisme doit avoir la certification Qualiopi. Selon certains cas, d’autres aides peuvent compléter la prise en charge et réduire, voire supprimer, toute participation à la charge du salarié.
Différents scénarios existent selon les profils et les ambitions. Voici les principales possibilités offertes par le CPF :
- CPF personnel de formation : chaque personne active, quelle que soit sa branche ou la nature de son contrat, bénéficie de ce dispositif.
- Formation CPF : le CPF peut financer tout ou partie du coût de la formation, et dans certains cas, une partie du salaire si des dispositifs complémentaires le permettent.
- Projet de transition professionnelle : pour ceux qui souhaitent changer de voie, ce projet s’appuie sur le CPF et peut, sous conditions, garantir un accompagnement et le maintien de la rémunération.
CDI, CDD, intérim ou période de recherche d’emploi : le CPF structure un parcours personnalisé, adapté à tous les profils. Il permet aussi de sécuriser ses choix et de s’ajuster aux évolutions du marché, en s’appuyant systématiquement sur des critères nationaux et des référentiels stricts.
Qui prend en charge le salaire pendant une formation professionnelle ?
Le maintien de la rémunération varie selon le contexte de la formation et le statut du salarié. Lorsque la formation s’inscrit dans le plan de développement des compétences décidé par l’entreprise, la règle ne souffre pas d’ambiguïté : c’est l’employeur qui continue de verser le salaire. Le contrat ne bouge pas, la fiche de paie non plus. Dans certains secteurs, l’entreprise peut également recevoir un soutien financier de l’Opco, l’opérateur de compétences de branche.
Si la demande vient du salarié dans le cadre d’un projet de transition professionnelle (PTP), la prise en charge de la rémunération dépend de plusieurs critères : ancienneté, instruction du dossier, accord de l’organisme compétent (souvent l’association Transitions Pro). Rien n’est automatique. Le maintien du salaire peut alors être total ou partiel, selon la rémunération initiale et la durée de la formation.
Voici les principaux acteurs susceptibles de prendre en charge la rémunération durant une période de formation :
- L’employeur : prend en charge le salaire si la formation se déroule dans le cadre du plan de développement des compétences.
- Transitions Pro : assure la rémunération lors d’un projet de transition professionnelle validé.
- France Travail : pour les personnes en recherche d’emploi, maintien de l’allocation ou mise en place d’une aide financière pendant la formation.
D’autres situations impliquent des règles spécifiques. Les travailleurs non salariés, intermittents, artistes-auteurs, ou salariés du BTP relèvent chacun de régimes particuliers, avec parfois l’intervention d’organismes spécialisés. Dans tous les cas, le code du travail garantit la continuité de la couverture sociale pendant la formation.
Modalités concrètes et démarches pour sécuriser sa rémunération durant la formation
Avant d’entamer une action de formation, il est judicieux d’analyser l’impact sur son salaire. Si la formation est obligatoire et imposée par l’employeur, la question ne se pose pas : le salaire est maintenu. En revanche, pour une démarche personnelle ou un projet de transition professionnelle, il faut se rapprocher des dispositifs adaptés.
Dans le secteur privé, il est recommandé d’anticiper et de déposer sa demande à l’avance. Les interlocuteurs à contacter sont l’association Transitions Pro ou l’Opco de sa branche professionnelle. Le dossier doit être complet : accord écrit de l’employeur, devis de la formation, planning détaillé, calendrier. Durant toute la période de formation, la protection sociale (maladie, accident du travail) reste assurée à condition de respecter les démarches prévues par le code du travail.
Pour les personnes inscrites à France Travail, des aides spécifiques existent : AREF (allocation d’aide au retour à l’emploi formation) ou RFF (rémunération de fin de formation). L’attribution dépend du type de formation et de l’acceptation du dossier. Les personnes en situation de handicap peuvent aussi solliciter l’Agefiph ou leur conseil régional pour un soutien complémentaire.
Avant de s’engager dans une formation, il est sage de vérifier la présence éventuelle d’une clause de dédit-formation dans son contrat de travail. Cette mention peut obliger le salarié à rester un certain temps dans l’entreprise après la formation, sous peine de devoir rembourser une partie des frais engagés. Pour éviter les mauvaises surprises, un coup d’œil à la convention collective et au règlement intérieur s’impose.
Élargir ses compétences, changer de trajectoire ou ouvrir de nouveaux horizons : financer son salaire pendant une formation demande méthode, contacts adaptés et anticipation. Face à cette mécanique parfois complexe, chacun avance à son rythme. La feuille de route n’est pas écrite d’avance, mais la possibilité d’en dessiner chaque étape appartient à tous. À chacun sa trajectoire, à chaque projet ses choix décisifs.


